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Posté 12 mars 2013 par Frédéric Vincent dans Articles
 
 

L’auto-hypnose du praticien

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En côtoyant de nombreux praticiens en hypnose, j’ai eu la surprise de remarquer qu’une bonne partie d’entre eux ne travaillaient que très peu sur eux-mêmes. Accordant parfois bien plus d’importance à leurs actions sur leurs clients, qu’à leur « Être » et à leurs propres ressources inconscientes. Une catégorie pense même que l’auto-hypnose ne fonctionne pas très bien sur eux (voir pas du tout !), d’autres encore pensent que c’est secondaire, que le plus important serait d’en apprendre toujours plus pour pouvoir être enfin au TOP ! Et ce, même s’ils ne maîtrisent pas et n’appliquent pas déjà complètement ce qu’ils ont commencé à apprendre.

J’en vois heureusement d’autres agir, prendre soin d’eux au quotidiennement, se démener pour parvenir aux résultats désirés, vivre des changements profonds, et finir par se libérer en dépassant les limites anciennes. C’est en effet, probablement, ce que chacun se souhaite au fond. Encore faut-il s’en donner les moyens. Sans se donner de fausses excuses.
Un hypno-thérapeute bien connu pour son travail performant m’a dit un jour : « Fred, l’auto-hypnose ne fonctionne pas sur moi. J ‘ai testé quelques fois ça n’a pas fonctionné.»
- Je lui ai répondu : « Ah oui ? Et quelle attitude as-tu adoptée pour que ça finisse par fonctionner aussi bien qu’aujourd’hui avec tes clients ? ».

Toute la différence est dans la stratégie mentale et les croyances… et ça vous le saviez déjà !

De façon plus technique, à suggestion verbale égale, qu’est ce qui fait réellement la différence entre deux hypnose ?

Son « non-verbal » ?
Qu’il agisse en conscience sur des niveaux habituellement inconscients ?
Son intention ?
Ses croyances, liées au message qu’il projette à l’autre ?
Sa congruence ?
Son alignement ?
Que tout, en lui, puisse aller de façon cohérente dans le même sens ?
Son niveau de confiance ?
Le plaisir qu’il a à faire ce qu’il fait ?
Sa capacité à trouver son propre style plutôt qu’imiter ce qu’il a pu voir chez d’autres ?
Sa capacité à être dans le lâcher-prise ?

Autant de de questions (parmi une multitude)- qui peuvent donner la dimension de tout ce travail qui peut être fait pour développer les facettes hypnotiques d’un praticien en hypnose.

Nous savons tous en tout cas, que ces éléments sont plus importants, au final, que la simple technique ou la connaissance des protocoles.

Alors quelle place l’auto-hypnose devrait-elle prendre dans votre pratique ?
Pensez-vous que votre pratique doit se cantonner au seul espace thérapeutique ?
Faites-vous de l’hypnose ou devenez-vous hypnotique ?

La marge de progression qui demeure en chacun de nous est immense. Certes, l’évolution peut déjà se faire à travers le travail avec le client et la réflexion post séance, puisque c’est déjà de l’auto-hypnose.

Mais l’auto-hypnose est bien plus vaste que cela, plus vaste que le simple fait de se faire une induction, de laisser une main monter toute seule ou encore de dérouler un protocole. C’est une conscience plus globale, une attitude interne, un alignement, un centrage, une façon de voir et d’agir quotidiennement sur soi ne serait-ce qu’en se posant les bonnes questions…

Différentes propositions, pistes de réflexions et prises de consciences vous seront proposés dans notre magazine Réalités Hypnotiques.


Frédéric Vincent

 
Avatar de Frédéric Vincent
Spécialiste en hypnose, formé auprès de plusieurs grands centres français et internationaux, enseignant en PNL et auto hypnose, créateur de la PNL-H (avec Kevin Finel), créateur du zéro mental et auteur du livre, il étudie depuis une vingtaine d'année différentes approches permettant de se libérer du mental ou de mieux le re-conditionner. Formateur pour l'ARCHE, il anime aussi les stages d'auto-hypnose à Paris et la formation de PNLH (hypnose rapide en thérapie).


  • http://www.facebook.com/yves.carluer Yves Carluer

    Merci Fred pour ton article qui soulève un point qui me semble, en effet, très important. En effet, si les neurones miroirs (et il en existe beaucoup d’autres sortes) fonctionnent à plein rendement (…),
    on peut penser raisonnablement que ceux de notre client(e) fonctionnent
    aussi… On peut également introduire l’idée que notre état d’être sera
    perçu et pourra influencer en conséquence la personne que nous avons en face de nous. La moindre
    pensée non dite (jugement, croyance, émotion…) sera perçue et
    interprétée sans que l’on puisse savoir vraiment quelles seront les
    répercussions. En tant que thérapeute, je pense que nous devons prendre en compte cette responsabilité! Je te rejoins sur la nécessité d’un « travail sur soi ».

  • http://www.facebook.com/olaf.sarmouk Olaf Sarmouk

    Cette constatation m’avait également frappé, choqué : Bon nombre d’hypnotiseurs ne pratiquent pas sur eux même.
    De mon point de vue, un hypnotiseur ne pratiquant pas l’auto-hypnose ressemble un peu à un prof d’auto école qui ne conduirait pas.
    Au dela de l’aspect personnel (peut-etre n’ont ils simplement rien à améliorer dans leur vies déjà parfaites? :)), sur le coté technique et pratique, c’est dommage : sans vivre et expérimenter, comment connaitre vraiment?
    Sans vivre les changements, les réussites, les echecs à un niveau personel comment comprendre ce qui se passe chez les gens que nous accompagnons? Comment comprendre ce qui leur arrive, leurs difficultés ou les choses qui les aideraient, la façon dont les résultats se font sentir… si nous ne les connaissons pas?
    Ceci pour surligner l’importance de la pratique sur soi.

    Mais avant de pratiquer sur soi, peut-être faut il savoir « comment on fait ». Il ne suffit pas de mettre quelqu’un en état d’hypnose pour qu’il aille mieux et que « ca marche », et de la même façon, après des années à vivre l’auto hypnose et à enseigner cet art et cette discipline, il m’apparait clair que pour que ça fonctionne, il y a des choses à faire et à savoir. Pour certains, c’est logique et naturel : il suffit presque de faire ce qu’on fait avec quelqu’un d’autre sur soi… pour d’autre, c’est moins évident. Et après des années de pratique, j’améliore encore ma pratique personnelle, la rendant plus efficace, fluide, fiable… ou je bloque encore sur certains points. De là, je crois que nombre d’hypnos ne pratiquent pas sur eux parcequ’ils ne savent pas comment s’y prendre et aussi parcequ’ils n’en voient pas l’interet (ce qui me sidère toujours mais soit…passons)… sans compter bien sur les flemmards :)